Le Maroc et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ont conclu à Rabat une série d'accords et de protocoles d'entente pour raffiner les fondements de leur partenariat stratégique autour de trois axes majeurs : la défense et la sécurité, la transition énergétique et les échanges économiques. Coopération militaire et lutte contre les menaces hybrides Les deux parties ont décidé d'intensifier leur dialogue stratégique à travers plusieurs mécanismes bilatéraux, dont le dialogue sécuritaire, le conseil d'association et la commission militaire conjointe annuelle. Dans le domaine de la défense, les ministres ont exprimé leur volonté de faire prospérer un programme d'activités structuré, avec une attention particulière portée à la coopération maritime, conformément à leur vocation d'Etats atlantiques. Le Royaume-Uni a fait part de son intérêt pour l'approfondissement de partenariats industriels en matière de défense, en vue de favoriser l'implantation de projets conjoints à haute valeur technologique. Sur le volet sécuritaire, les deux pays ont arrêté un cadre élargi de coordination couvrant la lutte contre le terrorisme, le retour et la réhabilitation des combattants étrangers, la prévention de la radicalisation numérique, la neutralisation des systèmes aériens sans pilote, la cybersécurité, et les usages malveillants des technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle. Ils ont souligné la nécessité de préserver les infrastructures critiques, en particulier dans le cadre de l'organisation d'événements internationaux. L'échange structuré de renseignements constituera la clef de voûte de cette coopération. À cet égard, le Royaume-Uni a salué «l'élection du Maroc à la vice-présidence d'Interpol pour l'Afrique, gage de son autorité régionale et de son engagement multilatéral». Transitions énergétiques, climat et investissement industriel Les ministres ont affirmé leur attachement à une coordination étroite dans les domaines de l'eau, du climat et de l'énergie. Le Royaume-Uni a reconnu «le rôle pionnier du Maroc dans le développement des énergies renouvelables et des chaînes de valeur durables, en particulier dans les secteurs miniers et des carburants propres». Les deux pays ont réitéré leur engagement commun à favoriser les projets de croissance verte, à faciliter le déploiement des énergies propres et à mobiliser des financements durables, notamment par l'intermédiaire du Powering Past Coal Alliance, du Breakthrough Agenda et du Energy Transition Council. Ils ont convenu d'œuvrer conjointement à la gestion durable de l'eau, en s'appuyant sur la stratégie marocaine de résilience hydrique, et d'encourager un soutien financier et politique accru à l'action climatique en amont de la COP30. Le Royaume-Uni a salué l'implication active du Maroc dans l'Alliance pour une électricité propre (Clean Power Alliance) et s'est félicité de la coopération naissante entre le Met Office britannique et la Direction générale de la météorologie du Maroc, qualifiée de «modèle exemplaire en matière de services climatiques et environnementaux». Relations économiques, commerce et enseignement supérieur Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 4,2 milliards de livres sterling en 2024 (près de 53 milliards de dirhams marocains), doublant depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association en 2021. Les ministres ont souligné les perspectives ouvertes par cette dynamique et ont rappelé leur volonté de maintenir une coopération fluide dans les domaines du commerce, de la propriété intellectuelle et des marchés publics. Ils ont marqué leur appui au processus d'enregistrement d'indications géographiques britanniques au Maroc et se sont félicités des avancées dans la révision agricole et la clarification des règles d'origine, lesquelles devraient ouvrir la voie à un partenariat plus équilibré. Les deux gouvernements ont également annoncé la création prochaine d'une Morocco Business Alliance, pilotée par les milieux économiques privés. Le Royaume-Uni a confirmé un engagement de 5 milliards de livres sterling (près de 63 milliards de dirhams) par l'intermédiaire de UK Export Finance (UKEF), tout en précisant qu'«un appui à des projets situés au Sahara reste envisageable, sous réserve du respect des normes de diligence de l'organisme». Le Maroc a remercié Londres pour son accompagnement dans les préparatifs de la Coupe du monde 2030, notamment sur les chantiers d'infrastructure et la valorisation des retombées économiques au profit des entreprises britanniques. Dans le domaine de la santé, les autorités marocaines ont salué l'appui britannique à l'extension de la couverture universelle et aux projets hospitaliers et universitaires. En matière d'enseignement supérieur, le Royaume-Uni a accueilli favorablement «la reconnaissance automatique des diplômes britanniques par le Maroc» et la facilitation de l'implantation d'établissements britanniques sur le territoire. Enfin, le Royaume du Maroc s'est engagé à égaler le financement du British Council destiné à la formation initiale des enseignants d'anglais du secondaire. Les deux parties ont salué l'adoption de nouveaux accords et protocoles, destinés à approfondir leur entente dans les secteurs de la santé, des transports, de l'énergie, de l'eau, de la défense et des marchés publics.