Une équipe de chercheurs marocains et allemands confirme, pour la première fois, la présence au Maroc de la mouche Hippobosca longipennis, un parasite potentiellement vecteur de maladies chez les chiens... et l'humain. C'est une découverte scientifique qui pourrait bien changer la manière dont les refuges canins marocains abordent la question des parasites. Pour la première fois, la mouche Hippobosca longipennis, connue pour s'attaquer au sang des chiens et autres mammifères, a été formellement identifiée au Maroc grâce à des techniques d'analyse moléculaire. Cette étude pionnière, menée entre avril et novembre 2022 par une équipe maroco-allemande, a ciblé 230 chiens hébergés dans quatre refuges situés à Rabat, Casablanca, Fès et Khouribga. Les résultats ont surpris les chercheurs : sur l'ensemble des chiens examinés, 30 présentaient une infestation par cette mouche hématophage. Mais surtout, toutes les mouches collectées provenaient d'un seul refuge, celui de Khouribga. Connue pour sa capacité à infester aussi bien les chiens domestiques que les carnivores sauvages — lions, léopards, renards ou encore guépards — H. longipennis est présente dans de nombreuses régions du monde : Afrique, Moyen-Orient, Inde, Europe et même Amérique du Nord. Au Maroc, sa présence avait déjà été signalée dans les villes de Meknès et Marrakech, mais jamais confirmée par des analyses génétiques. "C'est la première fois qu'on identifie ce parasite chez les chiens marocains en utilisant à la fois la morphologie et le séquençage ADN", souligne l'équipe dirigée par Maria Bourquia et Abderrahmane Zahri, en collaboration avec l'Institut Bernhard Nocht de médecine tropicale à Hambourg. Au-delà de son effet irritant, la mouche des poux du chien peut jouer un rôle plus préoccupant. Elle est considérée comme un vecteur potentiel du ver Acanthocheilonema dracunculoides, un parasite qui provoque des maladies chez les chiens et qui peut aussi affecter les humains. Elle peut également transporter des acariens comme Cheyletiella yasguri, à l'origine de dermatites. Cependant, toutes les mouches examinées dans cette étude se sont révélées négatives pour la présence de ces nématodes pathogènes. "Cela indique probablement une absence de circulation active de ces agents infectieux dans la zone étudiée", précisent les chercheurs. Cette découverte met en lumière l'importance d'un suivi régulier et rigoureux de la faune parasitaire dans les refuges animaliers marocains. Les chercheurs appellent à élargir les investigations à l'échelle nationale, notamment dans les refuges moins surveillés, afin d'évaluer les risques sanitaires et prévenir d'éventuelles zoonoses. Les conditions locales de Khouribga, à savoir humidité, hygiène, infrastructures, pourraient expliquer la présence exclusive de ces mouches dans ce refuge. "Il est urgent de mieux comprendre les facteurs qui favorisent leur prolifération", concluent les auteurs de l'étude, publiée dans la revue Parasites & Vectors.